dimanche 1 mai 2016

La morale et l’obligation d’exister

« Toutes les violences sociales ont une seule base, l’obligation d’exister, qui est déjà, en soi, la plus grande des violences sur autrui. »

La moralité sans la recherche de la vérité sur la réalité du monde, la réalité des faits qui sont des vérités en eux-mêmes, donc sans la vérité sur la réalité de l’être humain, de sa pensée en particulier, n’est pas de la moralité.

La Vie est produite mécaniquement par l’univers qui n’est lui-même qu’un grand mécanisme. Il n’y a rien d’extraordinaire dans la Vie pas plus que dans notre existence humaine.

Notre incompréhension, de la production mécanique de la Vie par l’univers, et de ce que nous sommes plus particulièrement, donc, cette incompréhension n’est pas une marque de notre complexité ni de notre splendeur, mais plutôt de nos facultés mentales limitées.

Il a fallu plus de 2 milliards d’années d’évolution pour que la Vie invente des êtres qui inventent la morale. C’est dire à quel point la morale n’intéresse pas la Vie (Vie avec un V majuscule). La morale est d’ailleurs contreproductive pour la Vie qui n’a besoin que de réplication, et pas d’êtres pensants.

À partir du moment où un être pensant (moi, par exemple) imagine que la Vie n’a aucune utilité et que d’après les principes moraux inventés par la Vie elle-même, puisque j’en fais partie, il vaut mieux ne pas se répliquer pour éviter de créer des êtres sensibles donc potentiellement souffrants, malheureux, etc.

Eh bien, dès ce moment, on peut affirmer que la Vie s’est fourvoyée en créant mon existence et celle des êtres semblables capables de comprendre cette longue tirade.

L’Univers n’a pas de morale, la Vie n’en a pas plus. La Vie n’a qu’une seule Règle qui est la reproduction de n’importe quoi, n’importe comment, n’importe quand, n’importe où, si les conditions s’y prêtent.

Il ne peut y avoir aucune morale derrière le fait que la vie mange la vie, et ce depuis des milliards d’années, en commençant par la phagocytose, puis le « biovorisme » (mangeur de vie) chez les multicellulaires dont nous sommes.

Il n’y a aucune morale dans le fait qu’une vie ne puisse pas elle-même synthétiser à partir de l’inerte les molécules qui lui sont nécessaires, mais doit les voler à d’autres vies sensibles, et elles-mêmes contraintes d’exister.

La vie n’est pas morale puisque la vie impose la vie avec n’importe quel corps dans n’importe quel milieu et n’importe quelle condition pour des durées très variables et toujours trop longues pour ceux qui n’apprécient pas ou trop courtes pour ceux qui se débrouillent mieux.

Il parait normal d’affirmer qu’il faut nettoyer le monde avant d’y installer son enfant, ce qui semble signifier qu’installer un enfant dans un monde malsain n’est pas très moral. Mais si c’est le cas comment pouvez-vous envisager de créer une existence malsaine, c’est-à-dire créer un enfant avec des tares physiques ou mentales ?

Où est la différence ? N’est-ce pas aussi immoral ? N’est-ce pas en fait infiniment plus immoral ? Concevoir un enfant handicapé physiquement ou mentalement, n’est-ce pas comme de handicaper, volontairement ou pas, votre enfant après sa naissance ?

Pourquoi la Loi ne sanctionne-t-elle que le second cas alors que concevoir demande encore plus de responsabilités plus de questionnements que d’élever son enfant ? Que vaut-il le mieux ? Installer un enfant sain dans un monde malsain, ou un enfant malsain dans un monde sain, ou pire encore un enfant malsain dans un monde malsain ?

Comment osez-vous parier sur la santé de l’enfant que vous créez ?

La morale est une construction culturelle, elle n’a aucune assise innée, pour la raison que les humains naissent vierges de signification culturelle. À la naissance chaque être est introduit dans une culture existante.

Culture qui va poursuivre son évolution, évolution ancienne dont l’origine est la première cellule vivante. Personne ne peut défendre l’idée que les individus fabriqueraient de la culture simplement par organisation génétique avec la division cellulaire, personne ne peut défendre l’innéité de la morale.

Toutes les espèces animales ont-elles une morale ? Pourtant elles ont des conduites similaires aux nôtres. Le comportement de la fourmi dévouée à sa fourmilière est-il moral ou résulte-t-il de mécanisme ?

La culture morale, comme tout le reste de la culture, s’imprègne en nous en fonction de nos activités dans notre milieu. Nous acquérons une culture selon le milieu et les gens qui s’y trouvent. Si le seul milieu est la nature, alors, la culture résultera des seules activités musculaires et des sensations captées de ce milieu.

La morale provient d’une signification donnée à des comportements stéréotypés, la signification étant elle-même quelque chose de flou et lié à nos expériences.

Puis-je moralement ou éthiquement fabriquer une existence, donc contraindre quelqu’un à exister ? Non, évidemment, je ne le peux pas.

Puis-je arbitrairement ou dictatorialement fabriquer une existence, donc contraindre quelqu’un à exister ? Oui, c’est facile, une femme le peut (si elle trouve un spermatozoïde pour associer à un ovule dans son utérus) et un homme le peut également (si une femme lui prête utérus et ovule ou s’il peut la contraindre).

La création d’une existence n’est pas une action morale puisque cette « non-existence », qui n’a rien demandé, est créée uniquement pour ceux qui existent déjà par ceux qui existent déjà. Et comme cette création n’est pas maitrisée, elle est le comble de l’immoralité et de l’amoralité.

Il faut être soit animal ou idiot, soit négrier, voire sadique, pour créer une existence qui n’a rien demandé dans des conditions qui ne sont pas maitrisées, aussi bien la création de l’existence elle-même que le toboggan de la vie que va emprunter cette existence pour finir par périr.

Vous leurrez les enfants. Vous leur parlez d’amour, mais les aimez-vous ? Les croyants ont inventé paradis et éternité pour se justifier, comme prétexte et excuse à la courte vie de misère sur Terre qu’ils offrent à leur progéniture.

Le plus aberrant est qu’ils leur proposent l’enfer, et ça, ce serait extrêmement amusant s’il y avait de quoi rire à la création d’une existence qui n’a aucun moyen pour empêcher les créateurs d’agir.

Le Mal nécessaire pour que la vie existe, mais pas nécessaire pour l’intelligence, est toujours présent de façon sous-jacente et souvent inconscient, mais présent tout au long de la vie de chacun, ce qui induit tous les conflits et tous les types de conflits.

Car personne n’est réellement abusé par l’obligation d’exister imposée par les parents à la demande sociale, et avec sa complicité étroite (exemple : hôpitaux, cliniques, sagefemme, obstétricien, allocation familiale, crèche, etc.)

La première chose à expliquer à vos enfants, est comment vous pouvez parler de morale, de respect, et de Droits de l’homme puisque vous leur avez imposé d’exister dans ce monde malsain et guerrier alors que vous ne maitrisez même pas la procréation ?

Comment allez-vous expliquer à l’enfant l’obligation d’exister alors que lui-même n’a pas demandé à exister ? Comment allez-vous lui expliquer l’obligation d’exister avec un corps débile (handicap plus ou moins lourd) ?

Comment allez-vous lui expliquer l’obligation d’exister avec un esprit débile (QI inférieur à cent) ? Comment allez-vous lui expliquer l’obligation d’exister avec des parents pauvres, des parents débiles, des parents chômeurs ?

Comment allez-vous lui expliquer l’obligation d’exister dans un taudis quand d’autres naissent dans un château ? Comment allez-vous expliquer l’obligation d’exister dans l’inégalité de naissance et comment allez-vous le dédommager de ses handicaps sociaux et individuels, alors qu’il n’a pas demandé à exister ?

Comment allez-vous lui expliquer à cet enfant, sans mentir, honnêtement, en respectant la morale que vous voulez lui inculquer, tous ces points et bien d’autres ?

Comment allez-vous lui expliquer que le pays inventeur des Droits de l’homme ne respecte pas l’interdiction de mise en danger délibérée de la vie d’autrui, en le contraignant à exister alors que personne ne maitrise la procréation, la création de son existence, celle de l’enfant qui n’a pas besoin d’exister, sauf pour le désir des parents et les besoins sociaux, mais pas pour le sien ?

Comment allez-vous expliquer l’obligation d’exister, à cet enfant handicapé, que vous ne pourrez jamais le dédommager de l’existence débile que vous lui proposez pour rien ?

Même s’il y avait un dieu, il ne faudrait pas savoir, et surtout ne pas dire qu’il y en a un. Il ne faudrait pas savoir ni dire qu’il y a l’éternité, le paradis et l’enfer. Car les premiers doivent se mériter, se gagner, sans hypocrisie, sans le savoir, par simple attitude personnelle. La bonne conduite d’une vie doit être acquise sans raison, et surtout sans carottes et sans bâtons.

Or, « La création d’une existence ne sert que ceux qui existent déjà… » Et d’ailleurs, si un dieu voulait vous attirer dans son paradis, pourquoi un diable ne voudrait-il pas vous attirer dans le sien de paradis, que l’autre, ce dieu malin et politicard, naturellement appelle enfer ?

Que vaut la Morale d’un Dieu qui fabrique un être humain, cet être si débile et faible par comparaison à la divinité, qu’il vaut relativement moins qu’un microbe ? N’est-il pas un handicapé de la Création divine ?

Que vaut l’omnipotence d’un dieu qui crée un être si chétif ? Pourquoi un être fabriqué de toute pièce, sensible, souffrant, mortel, aurait-il des devoirs envers l’ingénieur qui le construit avec toutes ses caractéristiques débiles ? Oui, que vaut « sa » Morale ?

La morale religieuse et l’éthique laïque veulent lutter contre la souffrance et la misère humaine, c’est du moins ce qu’elles prétendent. Mais si c’est le cas pourquoi ne veulent-elles pas se rendre à l’évidence que misère et souffrance commencent par la création d’une existence ?

Il est pourtant facile de comprendre que la création d’une existence n’est utile qu’aux personnes qui existent déjà. Ceci est une vérité absolue. Pourquoi ces personnes avides de morales pour elles-mêmes n’en ont-elles aucune pour cet enfant, leur propre enfant ?

N’est-il pas facile de comprendre que : pas de vie, pas de risque, pas de vie pas d’enfer, ni sur Terre, ni ailleurs…

Le plus ignoble est de lui proposer en plus de cette mort déjà terrible en soi, le choix de l’enfer ou du paradis, alors que si cette existence n’avait pas été créée rien n’aurait pu lui arriver.

Il est totalement idiot de penser qu’un être omniintelligent s’amuse à proposer de tels choix et conditions de vie à des êtres qu’il crée lui-même faibles, débiles, sensibles, potentiellement souffrants, etc.,

moins que des microbes comparés à lui le Parfait Omnitout, pour les installer sur un toboggan plein de pièges et de dangers se terminant par une mort souvent horrible même pour les plus innocents.

D’ailleurs, tous les humains sont innocents d’exister et de devoir vivre sans libre arbitre et sans omniintelligence. Sans omniintelligence on ne peut être responsable de quoi que ce soit… S’il y avait un être omniintelligent, il serait le seul responsable de la gabegie de son monde.

(Il faut trancher, Messieurs les scientifiques, si ce dieu est un fait, il est analysable scientifiquement. Il faut trancher, car un être humain n’est pas identique s’il est créé par une divinité ou résulte du fonctionnement de l’univers.)

Les religions, les idéologies, le patriotisme, ont été fait pour nous empêcher de revendiquer nos droits à une vie saine, équitable, raisonnable,

et pour nous interdire de simplement poser des questions sur la raison de notre existence qui n’a pas d’autre cause que le service de nos géniteurs et de leurs complices sociaux, complices, car la création de nos existences est pourtant un crime selon leurs propres lois.

Quand Madame crée, c’est à l’aveugle, au hasard, sans savoir quel type de personne va être, physiquement et mentalement, l’être qu’elle génère.

La Vie est une loterie. L’enfant est le résultat d’un jeu de roulette russe dont il est victime de toute façon. Sexe, QI, santé, corpulence, tares physiques et mentales, sont les divers logements pour les balles du barillet du révolver qui va servir à ses parents pour le mettre au monde.

Si la morale était innée (intéressant cette innéité), pourquoi y aurait-il des éducateurs religieux et laïcs enseignant ce que sont le bien et le mal, la bonne et la mauvaise conduite, l’éthique ?

Les humains ne résoudront jamais leurs problèmes de morale et d’éthique s’ils ne réfléchissent pas à la question de la création d’une existence, à la sécurité absolue de l’enfant, à sa santé, à son bienêtre, à son introduction dans la société sans son accord,

à son éducation sans son accord, et à lui faire savoir sans manœuvre mentale qu’il est sur la planète par simple désir de deux personnes qui aurait pu tout aussi bien ne pas le fabriquer.

Mais n’oubliez surtout pas de lui expliquer pourquoi il est né handicapé !

*[L’obligation d’exister implique le fait de ne pas être responsable d’exister.]

Pour conclure, je répète la phrase initiale :

« Toutes les violences sociales ont une seule base, la contrainte d’existence, qui est déjà, en soi, la plus grande des violences sur autrui. »

S’il n’y avait qu’une seule question, que toutes celles, qui désirent fabriquer une nouvelle existence, devaient se poser, elle devrait être celle-ci :
« Maintenant que j’ai fabriqué un être souffrant, comment défaire la souffrance ? »

Faim
E. Berlherm (Nov. 2015)

(Pour ceux qui préfèrerait écouter ma douce voix ou parce que Maman/Papa volontairement et Dame Nature involontairement leur ont imposé une vue déficiente vous pouvez écouter ce texte sur YouTube, ici  https://youtu.be/vhIDH_YMjm8)


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