Vous avez été,
vous-même contrainte d’exister, cette existence obligatoire vous
donne-t-elle le droit d’obliger quelqu’un d’autre à exister ?
Procréer, c’est
fabriquer une existence à l’aveugle. Cette existence tire son
corps et son intellect à la loterie, et ce sont d’autres tirages
au sort pour les parents, la culture, la société, l’époque, le
milieu, l’éducation, la souffrance, la misère, et le reste. Mais
pas pour la mort, ça, c’est obligatoire, pas de loterie.
Procréer, c’est
fabriquer une existence pour son service, son service personnel,
celui du fabricant.
Vous osez fabriquer une
existence parce que vous savez par expérience, c’est ainsi depuis
des milliers voire des millions d’années, que la personne
fabriquée n’aura même pas la présence d’esprit de vous
engueuler d’exister, même si elle vit dans des conditions
horribles de corps et de milieu.
En fait plus les
conditions d’existence sont terribles moins elle aura l’occasion
et surtout les éléments de réflexion pour revendiquer.
Votre emprise sur cette
personne, votre enfant, est telle que vous pouvez être assurée à
presque cent pour cent qu’elle ne vous fera aucune remarque pendant
toute votre vie. Vous avez beau jeu puisque vous nourrissez l’enfant,
et lui faites croire insidieusement qu’il vous est redevable que
vous soyez si attentionné avec lui.
Plutôt facile à
réaliser cet endoctrinement, puisque nous naissons vierges de
significations culturelles. Vous endoctrinez comme vous avez été
endoctriné, sans le savoir, stupidement.
La société, par la
culture, a presque tout bridé, colmaté toutes les brèches
permettant de remettre en cause la fabrication d’existences
absurdes, sans maitrise, et sans raison autre que la pérennité de
son existence absurde, d’autant plus absurde qu’elle évolue sans
cesse, cette société brumeuse, et n’est donc jamais la même.
Les personnes fabriquées,
les nouveaux arrivants dans la Vie sociale, sont conduites jusqu’à
la mort dans une routine presque parfaitement huilée. La société a
placé progressivement au cours de millénaires les garde-fous, c’est
le cas de le dire, interdisant sa remise en cause, et elle continue
de les fignoler. La plupart d’entre nous s’y laissent prendre
jusqu’à leur dernier souffle.
Tous les contes religieux
ou contes idéologiques à dormir debout sont là pour vous aider à
berner ce pauvre innocent qui n’a pas demandé à exister, mais va
devoir exister au service parental et social. Si on lui laisse le
temps de penser, car, pour entrer en société, il faut être
spécialisé, ce qui demande un travail acharné. Autant vivre
passionnément vous chante-t-on.
Vous voulez être libre
d’utiliser votre corps comme bon vous semble. Et vous voulez être
libre de procréer puisque cela fait partie des possibilités que
vous a offertes mère Nature.
Elle vous a même donné,
mère Nature, la possibilité de fabriquer des centaines de milliers
de personnes, car vous possédez les ovules nécessaires. Et toutes
ces personnes qui ne sont pas vous, vous les appelleriez mes enfants.
Dire « mon enfant », c’est pratique, cela vous donne
l’impression d’avoir des droits de propriétaire.
Donc vous voulez être
totalement libre d’imposer, « libre d’imposer » la
Vie à une personne ! Ne remarquez-vous pas une contradiction
certaine ?
Cette contradiction ne
s’arrête pas là.
Vous ne maitrisez
absolument pas le travail utérin, le travail de votre ventre,
lorsqu’il fabrique à l’aveugle (d’une manière encore plus
sadique que le docteur Frankenstein, qui lui, pourtant, a eu des
remords après le premier essai), donc lorsque votre utérus fabrique
à l’aveugle votre ou vos enfants, puisqu’il peut aller jusqu’à
générer des jumeaux ou des septuplés sans que vous l’ayez
demandé.
Il peut aussi se lancer
dans la fabrication de handicapés, c’est très coutumier chez lui,
ce doit être une sorte de plaisanterie de sa part, la tératologie
humaine offre un catalogue grandiose.
Votre liberté s’arrête
où commence celle de l’utérus, qui n’est pas à vos ordres.
« Votre » utérus est un franc-tireur, un rigolo de
première.
Donc votre cher petit
handicapé, ce cher enfant, va maintenant être un homme ou une femme
libre, avec les mêmes libertés que vous, mais pas avant l’âge
adulte et si on lui accorde l’émancipation hors de votre tutorat,
selon le handicap.
Ce sont les Droits de
l’être humain qui le vantent, ainsi que nos lois françaises,
issues de ces mêmes Droits. Il est donc libre de courir sans jambe,
libre de pianoter sans main, libre de bavarder sans voix, libre
d’être un prix Nobel sans intellect ou simple instituteur avec un
QI de 60, libre de concourir à Miss Univers microcéphale… Ainsi
le veut la Loi.
De qui se moque-t-on ?
De qui vous moquez-vous ? De quoi sommes-nous libres si nous
n’avons pas les atouts adéquats ? Votre liberté de procréer
vous donne-t-elle le droit de ne pas donner les mêmes avantages à
une autre personne (votre enfant) ?
Votre liberté de
procréer vous donne-t-elle le droit de priver une ou plusieurs
personnes de ces libertés que vous possédez, et auxquelles vous
tenez plus que tout ? D’ailleurs est-ce vous ou cette autre
personne qui décidez de la qualité des atouts et des types de
libertés nécessaires à une vie imposée sans accord, sans contrat,
sans précaution ?
Chacun ne voudrait-il
pas, ne devrait-il pas, au minimum, exister en ayant les mêmes
libertés que les autres, puisque nous avons tous été contraints
d’exister pour servir maman, papa, et la Société ?
Si cela est vrai pour
soi, alors comment peut-on prendre le risque de ne pas octroyer cette
liberté à l’être que l’on désire fabriquer, mais que l’on
va fabriquer à l’aveugle, avec des risques immenses sur le dos de
celui qui n’a aucun moyen de refuser d’exister ?
Comment un être fabriqué
avec des tares physiques ou mentales, qu’il n’a évidemment pas
désiré, pourrait-il posséder les mêmes libertés que les autres
humains, appelés normaux ?
Comment pourrait-il
s’inscrire à un marathon s’il n’a pas de jambe, ou si son cœur
est faible ? Comment pourrait-il s’engager dans l’armée
s’il n’est pas déclaré apte ? Comment pourrait-il
simplement s’inscrire puis aller à l’université s’il est
débile mental ?
Procréer, ou plutôt
fabriquer à l’aveugle une existence, c’est facile, tous les
animaux bisexués le font sans se poser de question.
Il parait normal de
pouvoir utiliser notre corps à notre convenance, mais ceux qui
existent sont seuls à décider pour ceux qui n’existent pas, et il
est bien connu que notre liberté est limitée par celle des autres,
ce qu’on peut appeler liberté avec limitations et contraintes
sociales.
Est-ce que la liberté de
créer une existence est une liberté puisque l’être créé n’a
pas le droit de donner son opinion, et que justement la liberté des
uns s’arrête où commence celle des autres ?
Mesdames, vous avez
certes la liberté de votre corps, mais l’enfant qui nait de votre
corps n’est pas votre corps. C’est un produit de votre corps,
mais il n’est pas vous. C’est une entité comme vous que vous
produisez. Votre liberté s’arrête où commence celle des autres
(à égalité), et votre enfant est un autre.
Vous ne pouvez produire
un enfant si cela restreint la liberté d’autrui, et la vôtre
d’ailleurs, puisqu’il prend de l’espace, de l’air, de la
nourriture qui sont un bien commun.
La mise au monde n’est
pas un « droit » naturel, c’est un « pouvoir »
naturel, comme d’utiliser ses muscles pour se mouvoir, et, puisque
c’est un pouvoir, il doit être régulé. Faire un enfant, c’est
faire une personne, c’est ajouter un associé à la nation, associé
dont les autres devront tenir compte (vie, éducation, santé, mort).
Le pouvoir de faire un
enfant doit être géré par l’ensemble de la nation de façon
démocratique. Faire un enfant est d’abord un risque pour l’enfant
lui-même (et secondairement pour la femme qui va enfanter), de quel
droit poussez-vous une personne à prendre des risques ?
Les Droits de l’homme
ne reconnaissent pas le droit de faire un enfant, puisque ce n’est
pas une liberté pour l’enfant.
Si vous pensez que votre
liberté est importante et qu’un autre ne peut avoir plus de
pouvoir sur vous que vous n’en avez sur lui, alors vous devez
admettre que procréer n’est pas une liberté, mais un pouvoir que
vous avez sur un autre individu, celui que vous allez appeler votre
enfant, mais qui est une autre personne, il n’est pas vous ni une
reproduction de vous.
Vous devez savoir que la
création d’une existence ne sert que ceux qui existent déjà, et
si vous mettez cet enfant au monde c’est pour vous que vous le
faites, en aucun cas il n’a demandé à naitre.
Vous voulez créer cette
existence alors que vous ne maitrisez pas le processus de création,
vous ne savez absolument pas ce qu’il va sortir de votre ventre,
vous risquez la vie d’une personne pour vos besoins personnels,
l’envie de procréer, celui d’appartenir à la société,
s’offrir un héritier, pouponner, etc.
Votre corps vous
appartient Madame, et vous pensez que cela vous autorise à créer
autant d’existences que vous le désirez sans aucune contrainte,
que votre désir personnel. Eh bien, Madame, votre liberté s’arrête
ou commence celle de l’autre, et votre enfant est un autre.
Vous préférez sans
doute créer un Hitler plutôt qu’un Elephantman, mais vous n’avez
pas le choix, vous jouez à la loterie sur la tête d’une personne,
il est normal que cela vous retombe avec violence sur votre tête.
Et pourtant quand votre
enfant va en prison, la société ne vous punit pas, pourquoi ?
Parce que si elle punissait les parents il faudrait qu’elle aille
plus loin et se punisse elle-même.
Il y a une solution à
toute cette gabegie, cette profusion d’idiotie et de sadisme, c’est
d’admettre ce que nous sommes, et de corriger le tout en fonction
de ce que nous sommes. Encore faudrait-il chercher à le savoir
véritablement et surtout véridiquement !
Avez-vous seulement
songé, Madame, au minimum, c’est-à-dire à établir un contrat
natal avec la Société avant de créer votre enfant, ou simplement à
l’assurer comme une actrice assure ses jambes ? Pour qu’il
vive bien, dans de bonnes conditions, et qu’il n’aille pas en
tôle si vous vous loupez. Et surtout, misère ultime, si votre
enfant, cette personne, nait avec une tare physique ou mentale…!
Ce n’est pas aux
parents ni à la société de juger de la qualité du corps et de
l’intellect de la personne qu’ils désirent créer. Ce n’est
pas à eux de juger que les risques qu’elle court sont anodins, ou
de simples dégâts collatéraux, et que c’est un risque admissible
pour le service parental et social.
Cette personne qui est en
passe d’exister a le droit d’avoir le meilleur dans tous les
domaines. Êtes-vous certaine, Madame Nulle, de pouvoir lui accorder
ce qu’il mérite, ce qu’il désire, qui n’est pas ce que vous
pensez ?
S’il n’y avait qu’une
seule question, que toutes celles, qui désirent fabriquer une
nouvelle existence, devaient se poser, elle devrait être celle-ci :
« Maintenant que
j’ai fabriqué un être souffrant, comment défaire la
souffrance ? »
Faim
E. Berlherm (Déc.
2015)
(Pour
ceux qui préfèrerait écouter ma douce voix ou parce que Maman/Papa
volontairement et Dame Nature involontairement leur ont imposé une
vue déficiente vous pouvez écouter ce texte sur YouTube, ici
https://youtu.be/CF_x8JNYvPU)
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